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LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

l’autre. Quelques-uns rapportent qu’Almagro jura qu’il n’entreprendrait jamais rien ni sur Cusco, ni sur le pays qui est par delà jusqu’à cent trente lieues de distance, quand même Sa Majesté lui en donnerait le gouvernement. On ajoute que, s’adressant au Saint-Sacrement, il prononça ces paroles : « Seigneur, si je viole le serment que je fais maintenant, je veux que tu me confondes et me punisses et dans mon corps et dans mon âme. »

Après cet accord solennel qui devait être observé avec aussi peu de fidélité que le premier, Almagro prépara toutes choses pour son départ. Grâce à sa libéralité bien connue autant qu’à sa réputation de courage, il réunit cinq cent soixante-dix hommes, tant cavalerie qu’infanterie, avec lesquels il s’avança par terre vers le Chili. Le trajet fut excessivement pénible, et les aventuriers eurent particulièrement à souffrir des rigueurs du froid dans leur passage des Andes ; de plus, ils eurent affaire à des peuples très-belliqueux, qu’aucune civilisation n’avait amollis, et qui les assaillirent avec une furia dont rien au Pérou n’avait pu leur donner une idée. Almagro ne put créer aucun établissement, car à peine était-il depuis deux mois dans le pays, qu’il apprit que les Indiens du Pérou s’étaient révoltés et avaient massacré la plupart des Espagnols. Il revint aussitôt sur ses pas.

Après la signature du nouvel accord intervenu entre les conquérants (1534), Pizarre avait regagné les provinces voisines de la mer, dans lesquelles il put établir,