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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

qu’on croyait être un signe manifeste de la protection du ciel, et qui est encore aujourd’hui désigné sous le nom de feu Saint-Elme. Une fois qu’on eut dépassé la ligne équinoxiale, — passage qui ne paraît pas avoir été, à cette époque, célébré par la grotesque cérémonie du baptême en usage jusqu’à nos jours, — on fit route pour le Brésil, où, le 13 décembre 1519, la flotte jeta l’ancre dans le magnifique port de Santa-Lucia, connu aujourd’hui sous le nom de Rio-Janeiro. Ce n’était pas, d’ailleurs, la première fois que cette baie était vue par les Européens, comme on l’a cru longtemps. Dès 1511, elle était désignée sous le nom de Bahia do Cabo-Frio. Elle avait été visitée aussi, quatre ans avant l’arrivée de Magellan, par Pero Lopez, et semble avoir été depuis le commencement du XVIe siècle fréquentée par des marins dieppois, qui, héritiers de la passion de leurs ancêtres, les Northmen, pour les navigations aventureuses, coururent le monde et fondèrent un peu partout des établissements ou des comptoirs.

En cet endroit, l’expédition espagnole se procura à bon compte, pour des miroirs, des bouts de ruban, des ciseaux, des grelots ou des hameçons, quantité de provisions, entre lesquelles Pigafetta cite les ananas, la canne à sucre, des patates, des poules et de la chair d’anta, qu’on croit être le tapir.

Les renseignements qu’on trouve dans la même relation sur les mœurs des habitants sont assez curieux pour être rapportés. « Les Brésiliens ne sont pas chrétiens, dit-il, mais ils ne sont pas non plus des idolâtres, car