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PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

leuse de la création du monde, de la rédemption de l’homme, et pour l’inviter à se convertir au christianisme ainsi que son peuple. Ils ne témoignèrent aucune répugnance à se faire baptiser, et, le 14 avril, le roi de Zébu, celui de Massava, le marchand maure avec cinq cents hommes et autant de femmes, reçurent le baptême. Mais ce qui n’était qu’une mode, puisqu’on ne peut dire que les indigènes connussent la religion qu’ils embrassaient et qu’ils fussent persuadés de sa vérité, devint une véritable frénésie, après une guérison miraculeuse qu’opéra Magellan. Ayant appris que le père du roi était malade depuis deux ans et sur le point de mourir, le capitaine général promit, s’il consentait à se faire baptiser et si les indigènes brûlaient leurs idoles, qu’il se trouverait guéri. « Il ajouta qu’il était si convaincu de ce qu’il disait, raconte Pigafetta, — car il est bon de citer textuellement ses auteurs en pareille matière, — qu’il consentait à perdre la tête si ce qu’il promettait n’arrivait pas sur-le-champ. Nous fîmes alors, avec toute la pompe possible, une procession de la place où nous étions à la maison du malade, que nous trouvâmes effectivement dans un fort triste état, de manière qu’il ne pouvait ni parler ni se mouvoir. Nous le baptisâmes avec deux de ses femmes et dix filles. Le capitaine lui demanda, aussitôt après le baptême, comment il se trouvait, et il répondit soudainement que, grâce à Notre-Seigneur, il se portait bien. Nous fûmes tous témoins de ce miracle. Le capitaine surtout en rendit grâces à Dieu. Il donna au prince une boisson rafraî-