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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

faisait si froid, et il y avait une telle abondance de glaces flottantes, bien qu’on fût au mois de juillet, qu’il eût été impossible de s’enfoncer plus avant dans le nord. Les jours étaient très-longs et la nuit excessivement claire, détail intéressant pour fixer la latitude atteinte, car nous savons que sous le soixantième parallèle les plus longs jours sont de dix-huit heures. Ces divers motifs déterminèrent Sébastien Cabot à virer de bord, et il toucha aux îles Bacalhaos, dont les habitants, couverts de peaux d’animaux, avaient pour armes l’arc et les flèches, la lance, le javelot et l’épée de bois. Les navigateurs pêchèrent en cet endroit un grand nombre de morues ; elles étaient même si nombreuses, dit une vieille relation, qu’elles empêchaient le navire d’avancer. Après avoir longé la côte d’Amérique jusqu’au 38e degré, Cabot reprit la route d’Angleterre, où il arriva au commencement de l’automne.

En somme, ce voyage avait un triple but de découverte, de commerce et de colonisation, comme l’indiquent et le nombre des navires qui y prirent part et la force des équipages. Cependant, il ne paraît pas que Cabot ait débarqué personne ou qu’il ait fait quelques tentatives d’établissement soit au Labrador, soit dans la baie d’Hudson qu’il devait explorer plus complétement en 1571, sous le règne de Henri VIII, soit même au-dessous des parages des Bacalhaos, désignés sous le nom générique de Terre-Neuve.

À la suite de cette expédition presque complétement improductive, nous perdons de vue Sébastien