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MISSIONNAIRES ET COLONS

d’indigènes bien déterminés en auraient eu facilement raison. Persister à vouloir fonder un établissement dans de telles conditions, c’eût été folie ; tous le comprirent, et l’ancre fut levée le 18 novembre. Le projet de doña Isabelle de Mendoça était de gagner Manille, où l’on recruterait des colons pour revenir fonder un établissement. Elle consulta tous les officiers, qui approuvèrent par écrit son projet, et elle trouva dans Quiros un dévouement et une habileté qui n’allaient pas tarder à être mis à une rude épreuve. On s’écarta tout d’abord de la Nouvelle-Guinée, afin de ne pas s’embarrasser dans les nombreux archipels qui l’environnent et pour gagner au plus tôt les Philippines, comme l’exigeait l’état de délabrement des navires. Après avoir passé en vue de plusieurs îles entourées de récifs madréporiques, où les équipages voulaient aborder, permission que Quiros refusa toujours avec beaucoup de prudence, après avoir été séparé d’un des bâtiments de l’escadre, qui ne pouvait ou ne voulait pas suivre, on atteignit les îles des Larrons, qui devaient bientôt prendre le nom d’îles Mariannes. Les Espagnols allèrent plusieurs fois à terre pour acheter des vivres ; les indigènes ne voulaient ni de leur or ni de leur argent, mais faisaient le plus grand cas du fer et de tous les outils de ce métal. La relation contient ici quelques détails sur le culte des sauvages pour leurs ancêtres, et ils sont assez curieux pour que nous les reproduisions textuellement : « Ils désossent les cadavres de leurs parents, brûlent les chairs et avalent