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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

comprendre qu’un homme au visage si basané pût avoir une chevelure d’un blond si flavescent, « aimèrent mieux croire qu’il était marié et qu’il portait les cheveux de sa femme. » Cette couleur singulière n’était due qu’à l’usage habituel de la poudre de chaux, qui brûle les cheveux et les fait jaunir.

Cette île, qui reçut de Quiros le nom de Sagittaria, est, d’après Fleurieu, l’île de Taïti, l’une des principales du groupe des îles de la Société. Les jours suivants, Quiros reconnut encore plusieurs îles, sur lesquelles il ne débarqua pas, et auxquelles il imposa des noms empruntés au calendrier, suivant une coutume qui a transformé en une véritable litanie tous les vocables indigènes de l’Océanie. Il atteignit, notamment, une île, qui fut appelée de la Gente Hermosa, à cause de la beauté de ses habitants, de la blancheur et de la coquetterie des femmes, que les Espagnols déclarèrent l’emporter en grâces et en attraits même sur leurs propres compatriotes de Lima, dont la beauté est cependant proverbiale. Cette île était située, suivant Quiros, sous le même parallèle que Santa-Cruz, où il avait l’intention de se rendre. Il fit donc route à l’ouest et gagna une île appelée Taumaco par les indigènes, sur 10° de latitude méridionale et à quatre-vingts lieues dans l’est de Santa-Cruz. Ce serait l’une des îles Duff. Là, Quiros apprit que, s’il dirigeait sa course au sud, il découvrirait une grande terre dont les habitants étaient plus blancs que ceux qu’il avait rencontrés jusqu’alors. Cette information le décida à abandonner