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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

partie de ses compagnons de captivité dans l’archipel, et le long séjour de sept années qu’il fit aux Maldives, séjour rendu presque agréable par le soin qu’il avait eu d’apprendre la langue indigène. Il eut tout le temps de s’instruire des mœurs, des habitudes, de la religion, de l’industrie des habitants, ainsi que d’étudier les productions et le climat du pays. Aussi sa relation est-elle très-riche en détails de toute sorte. Jusqu’à ces dernières années, elle avait conservé son attrait, parce que les voyageurs ne fréquentent pas volontiers cet archipel malsain, dont l’isolement avait écarté les étrangers et les conquérants. La relation de Pyrard est donc encore instructive et agréable à lire.

En 1607, une flotte fut envoyée aux Maldives par le roi de Bengale, afin de s’emparer des cent ou cent vingt canons que leur souverain devait au naufrage de nombreux bâtiments portugais. Pyrard, malgré toute la liberté qu’on lui laissait et bien qu’il fût devenu propriétaire, voulait revoir sa chère Bretagne. Aussi, saisit-il avec empressement cette occasion de quitter l’archipel avec les trois compagnons qui lui restaient seuls de l’équipage entier. Mais l’odyssée de Pyrard n’était pas complète. Conduit d’abord à Ceylan, il fut transporté au Bengale et essaya de gagner Cochin. Emprisonné par les Portugais dans cette dernière ville, il tomba malade et fut soigné dans l’hôpital de Goa. Il n’en sortit que pour servir pendant deux ans comme soldat, au bout desquels il fut de nouveau jeté en prison. C’est en 1611 seulement qu’il put revoir sa