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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

venait de relâcher dans un des ports de l’Islande, l’équipage forma, au sujet de Coleburne, un premier complot sans peine réprimé, et lorsqu’il quitta cette île, le 1er juin, Hudson avait rétabli son autorité. Après avoir passé le détroit de Frobisher, Hudson reconnut la terre de Désolation de Davis, donna dans le détroit qui a reçu son nom et ne tarda pas à s’enfoncer dans une large baie, dont il visita toute la côte occidentale jusqu’au commencement de septembre. À cette époque, un des bas officiers, ne cessant d’exciter la révolte contre son chef, fut démonté, mais cette mesure de justice ne fit qu’exciter les matelots. Dans les premiers jours de novembre. Hudson, arrivé au fond de la baie, chercha un endroit propre à y hiverner, et, l’ayant bientôt trouvé, il fit mettre le navire à sec. Une pareille résolution se conçoit difficilement. D’une part, Hudson n’avait quitté l’Angleterre qu’avec six mois de vivres, déjà bien largement entamés, et il ne fallait guère songer, vu la stérilité du pays, à s’y procurer un supplément de nourriture ; d’autre part, l’équipage avait donné de si nombreux signes de mutinerie qu’il ne pouvait guère compter sur sa discipline et sa bonne volonté. Toutefois, bien que les Anglais aient dû souvent se contenter d’une maigre ration, ils ne passèrent pas un hiver trop pénible, grâce à de nombreux arrivages d’oiseaux. Mais, dès que le printemps fût revenu et que le navire fut paré pour reprendre la route d’Angleterre, Hudson comprit que son sort était décidé. Il prit donc ses dispositions