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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

mariés et avaient fait souche de colons. De temps à autre, ils recevaient quelques renforts amenés par des bâtiments pêcheurs de Dieppe ou de Saint-Malo. Mais le courant d’émigration avait de la peine à s’établir. C’est dans ces circonstances qu’un gentilhomme nommé Samuel de Champlain, vétéran des guerres de Henri IV, et qui, pendant deux ans et demi, avait couru les Indes orientales, fut engagé par le commandeur de Chastes avec le sieur de Pontgravé, pour continuer les découvertes de Jacques Cartier et choisir les lieux les plus favorables à l’établissement de villes et de centres de population. Ce n’est pas ici le lieu de nous occuper de la façon dont Champlain entendit son rôle de colonisateur, ni de ses grands services, qui auraient pu le faire surnommer le père du Canada. Nous laisserons donc, de parti pris, tout ce côté de son rôle, et non le moins brillant, pour nous occuper seulement des découvertes qu’il réalisa dans l’intérieur du continent.

Partis de Honfleur le 15 mars 1603, les deux chefs de l’entreprise remontèrent d’abord le Saint-Laurent jusqu’au havre de Tadoussac, à quatre-vingts lieues de son embouchure. Ils reçurent un bon accueil de ces populations qui n’avaient pourtant « ni foi, ni loi, vivant sans Dieu et sans religion, comme bêtes brutes. » Laissant en ce lieu leurs navires, qui n’auraient pu s’avancer plus haut sans danger, ils gagnèrent en barque le saut Saint-Louis, où s’était arrêté Jacques Cartier, s’enfoncèrent même quelque peu dans l’inté-