Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

de la terre ferme, résistèrent vaillamment pendant six mois à toutes les attaques des Espagnols. Bien que Pizarre eût reçu de Nicaragua un secours amené par Fernand de Soto, bien qu’il eût fait décapiter le cacique Tonalla et seize des principaux chefs, il ne put vaincre leur résistance. Il fut donc contraint de regagner le continent, où les maladies du pays frappèrent si cruellement ses compagnons qu’il dut séjourner trois mois à Tumbez, en butte aux attaques continuelles des indigènes. De Tumbez, il se porta ensuite sur le rio Puira, découvrit le port de Payta, le meilleur de toute cette côte, et fonda la colonie de San-Miguel, à l’embouchure du Chilo, afin que les vaisseaux qui viendraient de Panama trouvassent un port assuré. C’est dans ce lieu qu’il reçut quelques envoyés de Huascar, qui lui faisait connaître la révolte de son frère Atahualpa et lui demandait des secours.

Au moment où les Espagnols débarquèrent pour en faire la conquête, le Pérou bordait l’océan Pacifique sur une longueur de quinze cents milles et s’enfonçait à l’intérieur bien loin de la chaîne imposante des Andes. À l’origine, la population se trouvait divisée en tribus sauvages et barbares, n’ayant aucune idée de la civilisation, vivant continuellement en guerre les unes contre les autres. Pendant une longue série de siècles, les choses étaient restées dans le même état, et rien ne faisait présager la venue d’une ère meilleure, lorsque, sur les bords du lac Titicaca, un homme et une femme, qui se prétendaient enfants du soleil, apparurent aux