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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

vaincus, un grand chemin de cinq cents lieues, de Cusco jusqu’à Quito, à travers des précipices comblés et des montagnes aplanies. Des relais d’hommes, établis de demi-lieue en demi-lieue, portaient les ordres du monarque dans tout l’empire.

Telle était leur police, et, si l’on veut juger de leur magnificence, il suffit de savoir que le roi était porté dans ses voyages sur un trône d’or qui pesait 25,000 ducats. La litière d’or, sur laquelle était le trône, était soutenue par les premiers personnages de l’État.

À l’époque où les Espagnols parurent pour la première fois sur la côte, en 1526, le douzième Inca venait d’épouser, au mépris de la loi antique du royaume, la fille du roi de Quito, qu’il avait vaincu, et en avait eu un fils, nommé Atahualpa, à qui il laissa ce royaume à sa mort, arrivée vers 1529. Son fils aîné Huascar, dont la mère était du sang des Incas, eut le reste de ses États. Mais ce partage, si contraire aux coutumes établies depuis un temps immémorial, excita à Cusco un tel mécontentement, que Huascar, encouragé par ses sujets, se détermina à marcher contre son frère, qui ne voulait pas le reconnaître pour son maître et seigneur, toutefois Atahualpa n’eut pas plus tôt goûté au pouvoir qu’il ne voulut plus l’abandonner. Il s’attacha, par des largesses, la plupart des guerriers qui avaient accompagné son père à la conquête de Quito, et, lorsque les deux armées se rencontrèrent, le sort favorisa l’usurpateur.