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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Il va de soi que le seigneur Kéraban ne comptait point faire de cette façon le tour de la mer Noire. Il irait vite, soit ! mais il irait confortablement. Ce ne serait qu’une question d’argent, et cette question n’était pas pour arrêter le riche négociant du faubourg de Galata.

« Eh bien, dit Van Mitten, tout résigné, d’ailleurs, puisque nous ne voyagerons ni en chemin de fer, ni en bateau, comment voyagerons-nous, ami Kéraban ?

— En chaise de poste.

— Avec vos chevaux ?

— Avec des chevaux de relais.

— Si vous en trouvez de disponibles tout le long du parcours !…

— On en trouvera.

— Cela vous coûtera cher !

— Cela me coûtera ce que cela me coûtera ! répondit le seigneur Kéraban, qui recommençait à s’animer.

— Et bien, vous n’en serez pas quitte pour mille livres turques[1], et peut-être quinze cents !

— Soit ! Des milliers, des millions ! s’écria Kéra-

  1. La livre turque est une monnaie d’or qui vaut 23 fr. 55, soit environ 100 piastres, dont chacune équivaut à 22 centimes.