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KÉRABAN-LE-TÊTU.

« La lettre que Yarhud m’a adressée, reprit Scarpante, venait du port d’Atina. Elle ne dit rien au sujet de la jeune fille enlevée, et se borne à me prier de venir ce soir au caravansérail de Rissar.

— Et il n’est pas encore là ! s’écria le seigneur Saffar, en faisant deux ou trois pas vers la porte. Ah ! qu’il prenne garde de lasser ma patience ! J’ai le pressentiment que quelque catastrophe…

— Pourquoi, seigneur Saffar ? Le temps a été très mauvais sur la mer Noire ! Il est probable que la tartane n’aura pu atteindre Trébizonde, et, sans doute, rejetée jusqu’au port d’Atina…

— Et qui nous dit, Scarpante, que Yarhud a d’abord pu réussir, lorsqu’il a tenté d’enlever la jeune fille, à Odessa ?

— Yarhud est non seulement un hardi marin, seigneur Saffar, répondit Scarpante, c’est aussi un habile homme !

— Et l’habileté ne suffit pas toujours ! » répondit d’une voix calme le capitaine maltais, qui depuis quelques instants se tenait immobile sur le seuil du caravansérail.

Le seigneur Saffar et Scarpante s’étaient aussitôt retournés, et l’intendant de s’écrier :