Page:Verne - Kéraban-le-Têtu, Hetzel, 1883, tome 2.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

218
KÉRABAN-LE-TÊTU.

sait à fond, suivant Kéraban. Il la connaissait trop, suivant Ahmet. De là, des compliments de l’oncle, que le neveu ne pouvait accepter pour l’homme dont il suspectait la conduite. Il faut ajouter, d’ailleurs, que, pendant cette journée, celui-ci ne quitta pas un instant les voyageurs, et demeura toujours en tête de la petite caravane.

Les choses semblaient donc aller tout naturellement, à part les difficultés inhérentes à l’état des routes, à leur raideur, lorsqu’elles circulaient au flanc de quelque montagne, aux cahots de leur sol, lorsqu’on les traversait en quelques endroits ravinés par les dernières pluies. Cependant, les chevaux s’en tirèrent, et, comme ce devait être leur dernière étape, on put leur demander un peu plus d’efforts que d’habitude. Ils auraient ensuite tout le temps de se reposer.

Il n’était pas jusqu’au petit âne, qui ne portât allègrement sa charge. Aussi, le seigneur Kéraban l’avait-il pris en amitié.

« Par Allah ! il me plaît, cet animal, répétait-il, et, pour mieux narguer les autorités ottomanes, j’ai bonne envie d’arriver, perché sur son dos, aux rives du Bosphore. »

On en conviendra, c’était là une idée, — une idée