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KÉRABAN-LE-TÊTU.

Et il disparut, avec les survivants de sa troupe, en se jetant dans la caverne, dont une seconde issue, on le sait, s’ouvrait au dehors.

« Lâches ! s’écria Saffar en se voyant ainsi abandonné. Eh bien, on ne l’aura pas vivante. »

Et il se précipita sur Amasia, au moment où Ahmet s’élançait sur lui.

Saffar déchargea sur le jeune homme le dernier coup de son revolver : il le manqua. Mais Kéraban, qui n’avait rien perdu de son sang-froid, ne le manqua pas, lui. Il bondit sur Saffar, le saisit à la gorge, et le frappa d’un coup de poignard au cœur.

Un rugissement, ce fut tout. Saffar, dans ses dernières convulsions, ne put même pas entendre son adversaire s’écrier :

« Voilà pour t’apprendre à faire écraser ma voiture ! »

Le seigneur Kéraban et ses compagnons étaient sauvés. À peine les uns ou les autres avaient-ils reçu quelques légères blessures. Et cependant, tous s’étaient bien comportés, — tous, — Bruno et Nizib, dont le courage ne s’était point démenti ; le seigneur Yanar, qui avait vaillamment lutté ; Van Mitten, qui s’était distingué dans la mêlée, et