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KÉRABAN-LE-TÊTU.

ami, avaient pressé leurs chevaux, et ils mirent pied à terre à quelques pas de lui.

Le seigneur Kéraban, allant, venant, gesticulant, se parlant à lui-même ou plutôt se disputant avec lui-même, puisque personne n’était là pour lui tenir tête, ne semblait pas avoir aperçu ses compagnons.

« Mon oncle ! s’écria Ahmet en lui tendant les bras, pendant que Nizib et Bruno gardaient son cheval et celui du Hollandais, mon oncle !

— Mon ami ! » ajouta Van Mitten.

Kéraban leur saisit la main à tous deux, et montrant les Cosaques, qui se promenaient sur la lisière de la route :

« En chemin de fer ! s’écria-t-il. Ces misérables m’ont forcé à monter en chemin de fer !… Moi !… moi ! »

Bien évidemment, d’avoir été réduit à ce mode de locomotion, indigne d’un vrai Turc, c’était ce qui excitait chez le seigneur Kéraban la plus violente irritation ! Non ! il ne pouvait digérer cela ! Sa rencontre avec le seigneur Saffar, sa querelle avec cet insolent personnage et ce qui en était suivi, le bris de sa chaise de poste, l’embarras où il allait se trouver pour continuer son voyage, il oubliait tout