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KÉRABAN-LE-TÊTU.

fiancé qu’elle venait de reconquérir, n’entendit pas cette désobligeante réflexion de Nedjeb, ni la réponse de Sélim, disant :

« Lui ?… il aurait fini par la dompter… comme, à force d’entêtement, il dompterait des bêtes féroces !

— Peut-être bien ! murmura mélancoliquement Bruno. Mais, en attendant, c’est mon pauvre maître qui est entré dans la cage ! »

Cependant, Ahmet et ses compagnons ne prenaient qu’un fort médiocre intérêt à tout ce qui se passait sur les quais de Péra et de la Corne-d’Or. Dans la disposition d’esprit où ils se trouvaient, cela les intéressait peu, et c’est à peine s’ils entendirent un Turc dire à un autre Turc :

« Un homme vraiment audacieux, ce Storchi ! Oser traverser le Bosphore… d’une façon…

— Oui, répondit l’autre en riant, d’une façon que n’ont point prévue les collecteurs chargés de percevoir la nouvelle taxe des caïques ! »

Mais, si Ahmet ne chercha même pas à se rendre compte de ce que se disaient ces deux Turcs, il lui fallut bien répondre, quand il s’entendit interpeller directement par ces mots :

« Eh ! voilà le seigneur Ahmet ! »