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l’île à hélice.

remercièrent le gouverneur d’une invitation qu’ils regrettaient de ne pouvoir accepter.

« Pauvres souverains ! » dit Yvernès.

Le grand jour arrivé, l’île se pavoise des couleurs françaises et taïtiennes, mêlées aux couleurs milliardaises.

La reine Pomaré et sa cour, en costumes de gala, sont reçues à Tribord-Harbour aux détonations de la double batterie de l’île. À ces détonations répondent les canons de Papeeté et les canons de la division navale.

Vers six heures du soir, après une promenade à travers le parc, tout ce beau monde a gagné le palais municipal superbement décoré.

Quel coup d’œil offre l’escalier monumental dont chaque marche n’a pas coûté moins de dix mille francs, comme celui de l’hôtel Vanderbilt à New-York ! Et dans la splendide salle à manger, les convives vont s’asseoir aux tables du festin.

Le code des préséances a été observé par le gouverneur avec un tact parfait. Il n’y aura pas matière à conflit entre les grandes familles rivales des deux sections. Chacun est heureux de la place qui lui est attribuée, — entre autres miss Dy Coverley, qui se trouve en face de Walter Tankerdon. Cela suffit au jeune homme et à la jeune fille, et mieux valait ne pas les rapprocher davantage.

Il n’est pas besoin de dire que les artistes français n’ont point à se plaindre. On leur a donné, en les mettant à la table d’honneur, une nouvelle preuve d’estime et de sympathie pour leur talent et leurs personnes.

Quant au menu de ce mémorable repas, étudié, médité, composé par le surintendant, il prouve que, même au point de vue des ressources culinaires, Milliard-City n’a rien à envier à la vieille Europe.

Qu’on en juge, d’après ce menu, imprimé en or sur vélin par les soins de Calistus Munbar.