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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

vement par les trois conjurés, furent remises à Thompson qui, après les avoir enfermées, s’en fut à la recherche du lieutenant réduit quelques heures plus tôt à une cruelle capitulation.

Mais, comme il sortait du roof, une ombre se dressa devant lui, et cette ombre, c’était l’inévitable Saunders flanqué de son reflet sir Hamilton, tous deux dignes, calmes et sévères, comme il convient à des passagers mécontents.

« Un mot, monsieur, dit Saunders, en arrêtant Thompson au passage. Nous voudrions savoir jusqu’où vous comptez pousser cette plaisanterie.

— Quelle plaisanterie ? murmura Thompson impatiemment. Qu’y a-t-il encore ?

— Sur quel ton vous le prenez, monsieur ! s’écria Hamilton avec hauteur. Oui, monsieur, nous entendons savoir enfin si vous continuerez longtemps à mentir audacieusement à toutes les promesses d’un programme auquel nous avons été assez sots pour ajouter foi ! »

Comment ! encore cette persécution du programme ! Thompson, préoccupé de questions autrement graves, haussa les épaules et, écartant nerveusement Hamilton, s’élança sur le pont, laissant le baronnet suffoqué d’un pareil procédé.

Ayant trouvé le lieutenant, il l’entraîna dans sa cabine par l’annonce d’une communication importante.

« Lieutenant, dit-il dès qu’ils furent assis, le sort des armes vous a été contraire tantôt.

— En effet, monsieur, répondit le lieutenant en se tenant sur la réserve.

— Et nous vous emmenons présentement à Madère.

— Il paraît, monsieur.

— C’est là pour nous deux, lieutenant, une fâcheuse aventure, j’ose le dire, et j’imagine que si un bon moyen se présentait d’arranger cette affaire à notre commun bénéfice !…

— Difficile ! dit le lieutenant.

— Peut-être ! reprit Thompson. Vous n’ignorez pas, lieute-