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l’école des robinsons

que le feu s’éteignait, il se relevait aussitôt, et il recommença ainsi ce manège jusqu’au point du jour.

La nuit s’écoula sans aucun incident. Les pétillements du foyer, joints au chant du coq, réveillèrent Godfrey et son compagnon, qui avait fini par s’endormir.

Tout d’abord, Godfrey fut surpris de sentir une sorte de courant d’air, qui venait d’en haut, à l’intérieur de Will-Tree. Il fut donc conduit à penser que le séquoia était creux jusqu’à l’écartement des basses branches, que là s’ouvrait un orifice qu’il conviendrait de boucher, si l’on voulait être clos et couvert.

« Cependant, voilà qui est singulier ! se dit Godfrey. Comment, pendant les nuits précédentes, n’ai-je pas senti ce courant d’air ? Est-ce que ce serait le coup de foudre ?… »

Et pour répondre à ces questions, l’idée lui vint d’examiner extérieurement le tronc du séquoia.

Examen fait, Godfrey eut bientôt compris ce qui s’était passé pendant l’orage.

La trace de la foudre était visible sur l’arbre, qui avait été largement écorcé par le passage du fluide, depuis la fourche jusqu’aux racines. Si l’étincelle électrique se fût introduite à l’intérieur du séquoia au lieu d’en suivre le contour extérieur, Godfrey et son compagnon auraient pu être foudroyés. Sans s’en douter, ils avaient couru là un danger véritable.

« On recommande, dit Godfrey, de ne point se réfugier sous les arbres pendant les orages ! C’est très bien pour ceux qui peuvent faire autrement ! Mais le moyen, pour nous, d’éviter ce danger, puisque nous demeurons dans un arbre ! Enfin nous verrons ! »

Puis, regardant le séquoia au point où commençait la longue traînée du fluide :

« Il est évident, se dit-il, que là où la foudre l’a frappé, elle l’aura violemment disjoint au sommet du tronc. Mais alors puisque l’air pénètre à l’intérieur par cet orifice, c’est que l’arbre est creusé sur toute sa hauteur et ne vit plus que par son écorce ? Voilà une disposition dont il convient de se rendre compte ! »

Et Godfrey se mit à chercher quelque branche résineuse, dont il pût faire une torche.

Un bouquet de pins lui fournit la torche dont il avait besoin ; la résine