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l’école des robinsons


Godfrey, quittant le littoral, revint donc vers Will-Tree, en observant un peu plus le pays au retour qu’il ne l’avait fait à l’aller. Quelques ruminants se montrèrent, entre autres des wapitis, mais ils filaient avec une telle rapidité qu’il eût été impossible de les atteindre.

Vers quatre heures, Godfrey était de retour. Cent pas avant d’arriver, il entendait l’aigre crin-crin de la pochette, et se retrouvait bientôt en face du professeur Tartelett, qui, dans l’attitude d’une vestale, veillait religieusement sur le feu sacré confié à sa garde.



XIV

dans lequel godfrey trouve une épave, à laquelle son compagnon et lui font bon accueil.


Souffrir ce qu’on ne peut empêcher est un principe de philosophie qui, s’il ne porte peut-être pas à l’accomplissement des grandes choses, est, à coup sûr, éminemment pratique. Godfrey était donc bien résolu à lui subordonner désormais tous ses actes. Puisqu’il fallait vivre dans cette île, le plus sage était d’y vivre le mieux possible, jusqu’au moment où une occasion serait donnée de la quitter.

On s’occupa, sans plus tarder, d’aménager quelque peu l’intérieur de Will-Tree. La question de propreté, à défaut de confort, domina toutes les autres. Les couchettes d’herbes furent souvent renouvelées. Les ustensiles se réduisaient à de simples coquilles, il est vrai ; mais les assiettes ou les plats d’un office américain n’auraient pas offert plus de netteté. Il faut le répéter à sa louange, le professeur Tartelett lavait admirablement la vaisselle. Son couteau aidant, Godfrey, au moyen d’un large morceau d’écorce aplanie et de quatre pieds fichés au sol, parvint à établir une table au milieu de la chambre. Des souches grossières servirent d’escabeaux. Les convives n’en furent plus réduits à manger sur leurs genoux, lorsque le temps ne permettait pas de dîner en plein air.

Il y avait encore la question de vêtements, qui n’était pas sans préoccuper