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l’école des robinsons

un ordinaire assez varié. Quant au gibier, il abondait dans les bois de l’île Phina, et Godfrey se proposait de commencer ses chasses, dès que d’autres soins plus pressants lui en laisseraient le loisir. Il comptait bien utiliser les fusils, la poudre et le plomb de son arsenal ; mais, auparavant, il avait voulu que l’aménagement fût terminé.

Ses outils lui permirent d’établir quelques bancs à l’intérieur et à l’extérieur de Will-Tree. Les escabeaux furent dégrossis à la hache, la table, moins rugueuse, devint plus digne des plats, assiettes et couverts, dont l’ornait le professeur Tartelett. Les couchettes furent arrangées dans des cadres de bois, et leur literie d’herbe sèche prit un aspect plus engageant. Si les sommiers et les matelas manquaient encore, les couvertures, du moins, ne leur faisaient pas défaut. Les divers ustensiles de cuisine ne traînèrent plus à même le sol, mais ils trouvèrent place sur des planches fixées aux parois intérieures. Effets, linge, vêtements furent soigneusement serrés au fond de placards évidés dans l’écorce même du séquoia, à l’abri de la poussière. À de fortes chevilles on suspendit les armes, les instruments, qui décorèrent les parois sous forme de panoplies.

Godfrey voulut aussi fermer sa demeure, afin qu’à défaut d’autres êtres vivants, les animaux domestiques ne vinssent pas, pendant la nuit, troubler leur sommeil. Comme il ne pouvait pas tailler des planches avec l’unique scie à main, l’égoïne, qu’il possédait, il se servit encore de larges et épais morceaux d’écorce, qu’il détachait facilement. Il fabriqua ainsi une porte assez solide pour commander l’ouverture de Will-Tree. En même temps, il perça deux petites fenêtres, opposées l’une à l’autre, de manière à laisser pénétrer le jour et l’air à l’intérieur de la chambre. Des volets permettaient de les fermer pendant la nuit ; mais, au moins, du matin au soir, il ne fut plus nécessaire de recourir à la clarté des torches résineuses qui enfumaient l’habitation.

Ce que Godfrey imaginerait plus tard pour s’éclairer pendant les longues soirées d’hiver, il ne le savait trop. Parviendrait-il à fabriquer quelques chandelles avec la graisse de mouton, ou se contenterait-il de bougies de résine plus soigneusement préparées ? Ce serait à voir.

Une autre préoccupation, c’était d’arriver à construire une cheminée à l’intérieur de Will-Tree. Tant que durait la belle saison, le foyer, établi au dehors dans le creux d’un séquoia, suffisait à tous les besoins de la cuisine ; mais, lorsque le mauvais temps serait venu, quand la pluie tomberait à tor-