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tartelett voudrait bien s’en aller.

le courant du rio, que la crue, occasionnée par les dernières pluies, rendait assez rapide, à transporter tous ces bois. On formerait de petits trains, et ils s’en iraient tranquillement jusqu’à la hauteur du groupe des séquoias que le ruisseau traversait obliquement. Là, le barrage formé par le petit pont les arrêterait tout naturellement. De cet endroit à Will-Tree, il resterait à peine vingt-cinq pas à franchir.

Si quelqu’un se montra particulièrement satisfait du procédé, qui allait lui permettre de relever sa qualité d’homme si malencontreusement compromise, ce fut bien le professeur Tartelett.

Dès le 18, les premiers trains flottés furent établis. Ils dérivèrent sans accident jusqu’au barrage. En moins de trois jours, le 20 au soir, tout cet abatis était rendu à destination.

Le lendemain, les premiers troncs, enfoncés de deux pieds dans le sol, commençaient à se dresser, de manière à relier entre eux les principaux séquoias qui entouraient Will-Tree. Une armature de forts et flexibles branchages, les prenant par leur tête, appointie à la hache, assurait la solidité de l’ensemble.

Godfrey voyait avec une extrême satisfaction s’avancer ce travail, et il lui tardait qu’il fût fini.

« La palissade une fois achevée, disait-il à Tartelett, nous serons véritablement chez nous.

— Nous ne serons véritablement chez nous, répondit le professeur d’un ton sec, que lorsque nous serons à Montgomery Street, dans nos chambres de l’hôtel Kolderup ! »

Il n’y avait pas à discuter cette opinion.

Le 26 novembre, la palissade était aux trois quarts montée. Elle comprenait, parmi les séquoias rattachés l’un à l’autre, celui dans le tronc duquel avait été établi le poulailler, et l’intention de Godfrey était d’y construire une étable.

Encore trois ou quatre jours, l’enceinte serait achevée. Il ne s’agirait donc plus que d’y adapter une porte solide, qui assurerait définitivement la clôture de Will-Tree.

Mais le lendemain, 27 novembre, ce travail fut interrompu par suite d’une circonstance qu’il convient de rapporter avec quelques détails, car elle rentrait dans l’ordre des choses inexplicables, particulières à l’île Phina.

Vers huit heures du matin, Carèfinotu s’était hissé par le boyau intérieur