Page:Verne - L’École des Robinsons - Le Rayon vert.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
le gouffre de corryvrekan.

part qu’elle avait prise au dénouement de ce dramatique sauvetage. Aussi se tenait-elle sur l’avant de la passerelle, lorsque, tout à coup, comme si sa fantaisie se fût réveillée, ces mots lui échappèrent, au moment où elle se retournait vers le couchant :

« Et le rayon ?… Et le soleil ?

— Plus de soleil ! dit le frère Sam.

— Plus de rayon ! » dit le frère Sib.

Il était trop tard. Le disque, qui venait de disparaître derrière un horizon d’une, admirable pureté, avait lancé son rayon vert dans l’espace ! Mais, à cet instant, la pensée de miss Campbell était ailleurs, et son œil distrait avait manqué cette occasion, qui ne se retrouverait de longtemps peut-être !

« C’est dommage ! » murmura-t-elle, sans trop de dépit pourtant, en songeant à tout ce qui venait de se passer.

Cependant le Glengarry évoluait pour sortir de la passe du Corryvrekan et reprenait sa route vers le nord. À ce moment, le vieux marin, après une dernière poignée de main donnée à son compagnon, regagna sa chaloupe et fit voile pour l’île Jura.

Quant au jeune homme, dont le « dorlach », sorte de porte-manteau de cuir, avait été mis à bord, c’était un touriste de plus que le Glengarry transportait à Oban.

Le steamer, laissant à droite les îles de Shuna et de Luing, où se creusent les riches ardoiseries du marquis de Breadalbane, longea l’île Seil, qui défend cette partie de la côte écossaise ; bientôt après, s’engageant dans le Firth of Lorn, il prit entre l’île volcanique de Kerrera et la franche terre ; puis, aux dernières lueurs du crépuscule, il jetait ses amarres de poste à l’estacade du port d’Oban.



VII

aristobulus ursiclos.


Quand bien même Oban eût attiré un aussi grand concours de baigneurs sur ses plages, que les stations si fréquentées de Brighton, de Margate ou de