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l’archipel en feu.

qu’illustrèrent Sapho et Artémise. Mais, de cette île, qui prend aussi le nom de Leucade, il ne restait plus trace dans le sud au soleil levant, et la sacolève, ralliant la côte albanaise, se dirigea, toutes voiles dessus, vers l’île de Corfou.

C’étaient une vingtaine de lieues encore à faire dans cette journée, si Nicolas Starkos voulait arriver, avant la nuit, dans les eaux de la capitale de l’île.

Elles furent rapidement enlevées, ces vingt lieues, par cette hardie Karysta, qui força de toile à ce point que son plat-bord glissait au ras de l’eau. La brise avait fraîchi considérablement. Il fallut donc toute l’attention du timonier pour ne pas engager sous cette énorme voilure. Heureusement, les mâts étaient solides, le gréement presque neuf et de qualité supérieure. Pas un ris ne fut pris, pas une bonnette ne fut amenée.

La sacolève se comporta comme elle l’eût fait s’il se fût agi d’une lutte de vitesse dans quelque « match » international.

On passa ainsi en vue de la petite île de Paxo. Déjà, vers le nord, se dessinaient les premières hauteurs de Corfou. Sur la droite, la côte albanaise profilait à l’horizon la dentelure des monts Acraucéroniens. Quelques navires de guerre, portant le pavillon anglais ou le pavillon turc, furent aperçus dans ces parages