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sus aux pirates de l’archipel !

assez fréquentés de la mer Ionienne. La Karysta ne chercha pas à éviter les uns plus que les autres. Si un signal lui eût été fait de mettre en travers, elle eût obéi sans hésitation, n’ayant à bord ni cargaison ni papier de nature à dénoncer son origine.

À quatre heures du soir, la sacolève serrait un peu le vent pour entrer dans le détroit qui sépare l’île de Corfou de la terre ferme. Les écoutes furent raidies, et le timonier lofa d’un quart, afin d’enlever le cap Bianco à l’extrémité sud de l’île.

Cette première portion du canal est plus riante que sa partie septentrionale. Par cela même, elle fait un heureux contraste avec la côte albanaise, alors presque inculte et à demi sauvage. Quelques milles plus loin, le détroit s’élargit par l’échancrure du littoral corfiote. La sacolève put donc laisser porter un peu, de manière à le traverser obliquement. Ce sont ces indentations, profondes et multipliées, qui donnent à l’île soixante-cinq lieues de périmètre, alors qu’on n’en compte que vingt dans sa plus grande longueur et six dans sa plus grande largeur.

Vers cinq heures, la Karysta rangeait, près de l’îlot d’Ulysse, l’ouverture qui fait communiquer le lac Kalikiopulo, l’ancien port hyllaïque, avec la mer. Puis elle suivit les contours de cette charmante « cannone » plantée d’aloès et d’agaves, déjà fréquentée