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sus aux pirates de l’archipel !

Là ne manquaient ni les cafés, pleins de lumières, ni les rangées de chaises disposées sur la chaussée, occupées déjà par de nombreux consommateurs. Et encore faut-il observer que ceux-ci causaient plus qu’ils ne « consommaient », si toutefois ce mot, par trop moderne, peut s’appliquer aux Corfiotes d’il y a cinquante ans.

Nicolas Starkos s’assit devant une petite table, avec l’intention bien arrêtée de ne pas perdre un seul mot des propos qui s’échangeaient aux tables voisines.

« En vérité, disait un armateur de la Strada Marina, il n’y a plus de sécurité pour le commerce, et on n’oserait pas hasarder une cargaison de prix dans les Échelles du Levant !

— Et bientôt, ajouta son interlocuteur — un de ces gros Anglais qui semblent toujours assis sur un ballot, comme le président de leur chambre — on ne trouvera plus d’équipage qui consente à servir à bord des navires de l’Archipel !

— Oh ! ce Sacratif !… ce Sacratif ! répétait-on avec une indignation véritable dans les divers groupes.

— Un nom bien fait pour écorcher le gosier, pensait le maître du café, et qui devrait pousser aux rafraîchissements !

À quelle heure doit avoir lieu le départ de la Syphanta ? demanda le négociant.