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l’archipel en feu.

« Mon père, dit-elle, il y a dans cet ordre que vous me donnez, malgré vous peut-être, quelque chose que je ne puis expliquer ! Il y a un secret que vous hésitez à me dire !

— Ne me demande rien, s’écria Elizundo, rien !

— Rien ?… mon père !… Soit !… Mais, si, pour vous obéir, je puis renoncer à devenir la femme d’Henry d’Albaret… dussé-je en mourir… je ne puis épouser Nicolas Starkos !… Vous ne le voudriez pas !

— Il le faut, Hadjine ! répéta Elizundo.

— Il y va de mon bonheur ! s’écria la jeune fille.

— Et de mon honneur, à moi !

— L’honneur d’Elizundo peut-il dépendre d’un autre que de lui-même ? demanda Hadjine.

— Oui… d’un autre !… Et cet autre… c’est Nicolas Starkos ! »

Cela dit, le banquier se leva, les yeux hagards, la figure contractée, comme s’il allait être frappé de congestion. Hadjine, devant ce spectacle, retrouva toute son énergie. Et, en vérité, il lui en fallut pour dire, en se retirant :

« Soit mon père !… Je vous obéirai ! »

C’était sa vie à jamais brisée, mais elle avait compris qu’il y avait quelque effroyable secret dans les rapports du banquier avec le capitaine de la Karysta !