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vingt millions en jeu.

— Vingt millions ! répéta Skopélo, qui souriait en hochant la tête. Oui ! c’est bien à vingt millions que j’avais estimé la fortune de notre vieil ami Elizundo !

— Fortune nette, claire, en bonnes valeurs, reprit Nicolas Starkos, et dont la réalisation pourra se faire sans retard.

— Dès que vous en serez possesseur, capitaine, car maintenant, toute cette fortune va revenir à la belle Hadjine…

— Qui, elle, me reviendra, à moi ! Sois sans crainte, Skopélo ! D’un mot je puis perdre l’honneur du banquier, et, après sa mort comme avant, sa fille tiendra plus à cet honneur qu’à sa fortune ! Mais je ne dirai rien, je n’aurai rien à dire ! La pression que j’exerçais sur son père, je l’exercerai toujours sur elle ! Ces vingt millions, elle sera trop heureuse de les apporter en dot à Nicolas Starkos, et, si tu en doutes, Skopélo, c’est que tu ne connais pas le capitaine de la Karysta ! »

Nicolas Starkos parlait avec une telle assurance, que son second, quoique peu enclin à se faire des illusions, se reprit à croire que l’événement de la veille n’empêcherait pas l’affaire de se conclure. Il n’y aurait qu’un retard, voilà tout.

Quelle serait la durée de ce retard, c’était uniquement