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l’archipel en feu.

taine d’hommes, tués ou blessés, mais le commandant Stradena, frappé mortellement par un boulet, était tombé sur son banc de quart.

Le capitaine Todros prit alors le commandement de la corvette ; puis, après s’être assuré la victoire, il rallia le port d’Égine, afin de faire d’urgentes réparations à sa coque et à sa mâture.

Là, quelques jours après l’arrivée de la Syphanta, on apprit, non sans surprise, qu’elle venait d’être achetée, à un très haut prix, pour le compte d’un banquier de Raguse, dont le fondé de pouvoirs vint à Égine régulariser les papiers du bord. Tout cela se fit sans qu’aucune contestation pût être soulevée, et il fut bien et dûment établi que la corvette n’appartenait plus à ses anciens propriétaires, les armateurs corfiotes, dont le bénéfice de vente avait été très considérable.

Mais, si la Syphanta avait changé de mains, sa destination devait demeurer la même. Purger l’Archipel des bandits qui l’infestaient, rapatrier, au besoin, les prisonniers qu’elle pourrait délivrer sur sa route, ne point abandonner la partie qu’elle n’eût débarrassé ces mers du plus terrible des forbans, le pirate Sacratif, telle fut la mission qui lui resta imposée. Les réparations faites, le second reçut ordre d’aller croiser sur la côte nord de Scio, où devait se trouver le nouveau