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EN FACE L’UN DE L’AUTRE.

Là, il eut comme un mouvement d’hésitation. Il n’est de cœur si endurci, qui ne se serre en présence de certains retours du passé. On n’est pas né quelque part pour ne rien sentir devant la place où vous a bercé la main d’une mère. Les fibres de l’être ne peuvent s’user à ce point que pas une seule ne vibre encore, lorsqu’un de ces souvenirs la touche.

Il en fut ainsi de Nicolas Starkos, arrêté sur le seuil de la maison abandonnée, aussi sombre, aussi silencieuse, aussi morte à l’intérieur qu’à l’extérieur.

« Entrons !… Oui !… entrons ! »

Ce furent les premiers mots que prononça Nicolas Starkos. Encore ne fit-il que les murmurer, comme s’il eût eu la crainte d’être entendu et d’évoquer quelque apparition du passé.

Entrer dans cet enclos, quoi de plus facile ! La barrière était disjointe, les montants gisaient sur le sol. Il n’y avait même pas une porte à ouvrir, un barreau à repousser.

Nicolas Starkos entra. Il s’arrêta devant l’habitation, dont les auvents, à demi pourris par la pluie, ne tenaient plus qu’à des bouts de ferrures rouillées et rongées.

À ce moment, une hulotte fit entendre un cri et s’envola d’une touffe de lentisques, qui obstruait le seuil de la porte.