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l’invasion de la mer

Coupe-à-cœur eût volontiers répondu par de significatifs aboiements. Mais le brigadier le fit taire. Les Touareg devaient penser, d’ailleurs, que le chien se trouvait avec le capitaine au campement de Goléah, et il était naturel qu’il eût voulu les suivre.

Et jusqu’où seraient-ils entraînés ?… En quelle partie du Djerid ?… Peut-être vers quelque oasis perdue du chott Melrir… peut-être jusque dans les profondeurs de l’immense Sahara ?…

Le matin venu, des aliments furent mis à la disposition des prisonniers, du gâteau agglutiné de couscoussou et de dattes, et, pour toute boisson, l’eau d’un oued qui baignait la lisière du petit bois.

D’où ils étaient, la vue s’étendait sur le chott, dont les cristallisations salines scintillaient au soleil levant. Mais, vers l’est, le regard s’arrêtait brusquement à la barrière de dunes qui s’arrondissait de ce côté. Donc, impossibilité d’apercevoir l’oasis de Goléah.

C’est donc en vain que M. de Schaller, le capitaine Hardigan, leurs compagnons, se retournèrent vers l’est, peut-être dans l’espoir d’apercevoir le lieutenant se dirigeant vers cette partie du chott.

« Car, enfin, répétait l’officier, il n’est pas douteux que Villette ne soit arrivé hier soir à Goléah… Et, ne nous y rencontrant plus, trouvant notre campement abandonné, comment admettre qu’il ne se soit pas immédiatement mis à notre recherche ?…

— S’il n’a pas été attaqué lui-même, lorsqu’il remontait vers l’oasis de Gizeb… fit observer l’ingénieur.

— Oui !… oui !… tout est possible, répondait Pistache, tout avec le Mézaki !… Ah !… s’il tombe jamais entre mes mains, je souhaite qu’il me pousse ce jour-là des griffes pour lui déchiqueter sa peau de coquin !… »

En ce moment, Sohar donna ordre de partir. Et le capitaine Hardigan allant à lui :

« Que nous voulez-vous ?… » demanda-t-il.