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en captivité.

Il va sans dire que, lors de l’attaque du campement, le capitaine Hardigan et ses compagnons n’avaient pas eu la possibilité de se jeter sur leurs armes, sabres, revolvers, carabines. Ils furent d’ailleurs fouillés, dépouillés du peu d’argent qu’ils portaient sur eux, et il n’est pas jusqu’à M. François, légitimement indigné, auquel ces malappris n’eussent enlevé son rasoir.

Lorsque Sohar les eut laissés seuls, le capitaine et l’ingénieur prirent soin tout d’abord d’explorer le bordj.

« Quand on est enfermé dans une prison, observa M. de Schaller, la première chose à faire est de la visiter…

— Et la seconde de s’en échapper », ajouta le capitaine Hardigan.

Tous parcoururent donc la cour intérieure, au milieu de laquelle se dressait le minaret. Il fallut bien le reconnaître, les murailles qui l’entouraient, hautes d’une vingtaine de pieds, seraient infranchissables. On n’y découvrit aucune brèche comme il en existait au sour extérieur qui bordait le chemin de ronde. Une seule porte, ouvrant sur ce chemin, donnait accès dans la cour centrale. Elle avait été refermée par Sohar, et ses épais battants, garnis de bandes de fer, n’auraient pu être défoncés. Or, on ne pouvait sortir que par cette porte et encore était-il vraisemblable que les abords du bordj ne resteraient pas sans surveillance.

La nuit était venue, une nuit que les prisonniers passeraient dans une complète obscurité. Ils n’auraient pu se procurer aucune lumière. D’aliments quelconques, pas davantage. Pendant les premières heures, en vain attendirent-ils que des vivres fussent apportés, et aussi de l’eau, car la soif les dévorait. La porte ne s’ouvrit pas.

C’était à la clarté du court crépuscule que les prisonniers avaient visité la cour, et ils se réunirent ensuite dans une des chambres y attenant où des bottes d’alfa séché leur servaient de couchettes. C’est alors qu’ils s’abandonnèrent à de fort tristes