« Nom d’un diable ! qu’il fait soif !…
— Eh bien, bois !… Voici un puits, lui répondit le maréchal des logis-chef Nicol.
— Quoi ! de l’eau… marchef ?… se récria le brigadier Pistache.
— Invoque Mahomet, peut-être changera-t-il cette eau en vin…
— Ah ! si j’en étais sûr…
— Tu te ferais mahométan ?…
— Non, marchef, non… et d’ailleurs, puisque Allah défend le vin à ses fidèles, jamais il ne consentirait à faire ce miracle-là pour des mécréants…
— Bien raisonné, Pistache, déclara le sous-officier, qui ajouta : En route pour le poste ! »
Mais, au moment où ses soldats allaient le suivre, il les arrêta.
Deux hommes remontaient la rue, et le sous-officier reconnut en eux un capitaine et un lieutenant de son régiment.
« Halte !… commanda-t-il à ses hommes qui portèrent la main à leur chéchia.
« Eh ! fit le capitaine, c’est ce brave Nicol !…
— Le capitaine Hardigan ?… répondit le marchef, d’un ton qui dénotait une certaine surprise.
— Moi-même !…
— Et nous arrivons à l’instant de Tunis, ajouta le lieutenant Villette.
— En attendant de repartir pour une expédition dont tu seras, Nicol…
— À vos ordres, mon capitaine, répondit le sous-officier, et prêt à vous suivre partout où vous irez…
— Entendu… entendu !… dit le capitaine Hardigan. Et ton vieux frère, comment se porte-t-il ?…
— Parfaitement… sur ses quatre jambes que j’ai soin de ne point laisser se rouiller…
— Bien, Nicol !… Et aussi Coupe-à-cœur ?… Toujours l’ami du vieux frère ?…