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l’invasion de la mer

s’était lancé sur lui de toute la vitesse du sien. En vain Hadjar essaya-t-il de le désarçonner d’un coup de pistolet, la balle ne l’avait point atteint. Mais, sa monture ayant fait un violent écart, Hadjar vida les étriers et tomba. Avant qu’il eût le temps de se relever, l’un des lieutenants se précipita sur lui, et, d’autres cavaliers accourant, il fut maintenu en dépit des terribles efforts qu’il fit pour se dégager.

C’est à ce moment que Djemma, qui s’était jetée en avant, fût arrivée jusqu’à son fils, si elle n’avait été retenue par le maréchal des logis-chef Nicol. Il est vrai, une demi-douzaine de Touareg purent la lui arracher et c’est en vain que le brave chien assaillit ceux qui entraînaient la vieille Targui au plus vite.

« Je tenais la louve ! s’écria le marchef, et la louve m’a filé entre les mains !… Ici, Coupe-à-cœur, ici, répéta-t-il en rappelant l’animal. En tout cas, le louveteau est de bonne prise. »

Hadjar était pris et bien pris, et, si les Touareg ne parvenaient pas à le délivrer avant son arrivée à Gabès, le Djerid serait enfin purgé de l’un de ses plus redoutables malfaiteurs.

La bande l’eût tenté sans aucun doute et Djemma n’aurait pas laissé son fils au pouvoir des Français, si le détachement ne se fût renforcé des soldats réquisitionnés dans les postes militaires de Tozeur et de Gafsa.

L’expédition avait alors rallié le littoral, et le prisonnier était enfermé dans le bordj de Gabès en attendant son transport à Tunis, où il serait déféré à la justice militaire.

Tels sont les événements qui s’étaient passés avant le début de cette histoire. Le capitaine Hardigan, après un court voyage à Tunis, venait de rentrer à Gabès ainsi qu’on l’a vu, et le soir même où le Chanzy mouillait dans le golfe de la Petite-Syrte.