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l’évasion.

embarqué, nous le conduirons au marabout, où les chevaux sont prêts…

— Et en cet endroit, observa le mercanti, vous ne risquerez point d’être vus, vous accosterez la grève qui sera déserte jusqu’au matin…

— Mais le canot ?… fit observer Horeb.

— Il suffira de le tirer sur le sable où je le retrouverai », répondit le mercanti.

Il ne restait plus qu’une question à résoudre.

« Qui de nous ira prendre Hadjar ?… demanda Ahmet.

— Moi, répondit Sohar.

— Et je t’accompagnerai, dit la vieille Targui.

— Non, ma mère, non, déclara Sohar. Il suffit que nous soyons deux pour conduire le bateau au bordj… En cas de rencontre, votre personne pourrait paraître suspecte… C’est au marabout qu’il faut aller… Horeb et Ahmet s’y rendront avec vous… C’est Harrig et moi, avec le canot, qui ramènerons mon frère… »

Sohar avait raison, Djemma le comprit et dit seulement :

« Quand nous séparons-nous ?…

— À l’instant, répondit Sohar. Dans une demi-heure vous serez au marabout… Avant une demi-heure, nous serons au pied du fort avec le canot, dans l’angle du bastion où il ne risque pas d’être aperçu… Et, si mon frère ne paraissait pas à l’heure convenue… j’essaierais… oui ! j’essaierais de pénétrer jusqu’à lui…

— Oui, mon fils, oui !… car, s’il n’a pas fui cette nuit, nous ne le reverrons jamais… jamais ! »

Le moment était venu. Horeb et Ahmet prirent les devants, en descendant l’étroite route qui se dirige vers le marché. Djemma les suivait, se dissimulant dans l’ombre lorsque quelque groupe les croisait. Le hasard aurait pu les mettre en présence du maréchal des logis-chef Nicol et il ne fallait pas qu’elle fût reconnue de lui.

Au-delà des limites de l’oasis il n’y aurait plus de danger et, à