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l’évasion.

ne tenaient pas dans la pierre qui s’effritait sous la main. Il suffit de cinq ou six secousses pour la dégager, et puis, lorsque Hadjar l’eut retournée contre la paroi, le passage fut libre.

Le chef touareg n’avait qu’à ramper pendant deux mètres pour atteindre l’orifice extérieur, et ce fut là le plus pénible, car le boyau se rétrécissait jusqu’à son extrémité. Hadjar y parvint cependant et, là, n’eut pas même besoin d’attendre.

Presque aussitôt, ces mots étaient parvenus à son oreille :

« Nous sommes là, Hadjar… »

Hadjar fit un dernier effort et la partie antérieure de son corps sortit de l’orifice à la hauteur de dix pieds au-dessus des eaux.

Harrig et Sohar se dressèrent vers lui, et, au moment où ils allaient le tirer, un bruit de pas se fit entendre. Ils purent croire que ce bruit venait de la petite cour, qu’un gardien était envoyé près du prisonnier, qu’on voulait procéder à son départ immédiat… Le prisonnier disparu, l’éveil serait donné dans le bordj…

Heureusement, il n’en était rien. La sentinelle, en se promenant près du parapet du donjon, avait fait ce bruit. Peut-être son attention avait-elle été éveillée à l’approche du canot. Mais, de la place que le factionnaire occupait, il ne pouvait l’apercevoir, et, d’ailleurs, cette petite embarcation n’eût pas été visible au milieu de l’obscurité.

Toutefois, il fut nécessaire d’agir avec prudence. Après quelques instants, Sohar et Harrig saisirent Hadjar par les épaules, le dégagèrent peu à peu, et il prit enfin place près d’eux.

D’un coup vigoureux, le canot fut repoussé au large. Il était préférable de ne longer ni les murs du bordj ni la grève ; mieux valait remonter le golfe jusqu’à la hauteur du marabout. Il y eut lieu d’éviter, d’ailleurs, plusieurs barques qui sortaient du port ou y rentraient, car cette nuit calme favorisait les pêcheurs. En passant par le travers du Chanzy, Hadjar se redressa, et, les bras croisés, lança un long regard de haine… Puis, sans pro-