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la caravane.

brave comme son capitaine, énergique et résolu comme lui, et comme lui infatigable et excellent cavalier, il avait déjà fait ses preuves en de précédentes expéditions. C’était un officier très sûr, appartenant à une riche famille d’industriels, et devant qui s’ouvrait un bel avenir. Sorti de l’École de Saumur dans les premiers, il ne tarderait pas à obtenir le grade supérieur.

Le lieutenant Villette devait même être rappelé en France, quand cette expédition à travers le Djerid fut décidée. Lorsqu’il apprit qu’elle se ferait sous les ordres de Hardigan, il vint trouver cet officier, et lui dit :

« Mon capitaine, cela m’irait joliment d’être des vôtres…

— Et cela m’irait joliment que vous en fussiez, lui répondit le capitaine sur le même ton, celui de la bonne et franche camaraderie.

— Mon retour en France pourra tout aussi bien s’effectuer dans deux mois…

— Tout aussi bien, mon cher Villette, et même mieux, puisque vous rapporterez là-bas les plus frais renseignements sur la mer Saharienne !

— En effet, mon capitaine, et nous aurons vu pour la dernière fois ces chotts algériens avant qu’ils ne disparaissent sous les eaux…

— Disparition qui, vraisemblablement, durera autant que durera la vieille Afrique, répondit Hardigan, c’est-à-dire autant que notre monde sublunaire.

— Il y a lieu de le croire, mon capitaine ! Eh bien, c’est convenu… et j’aurai le plaisir de faire avec vous cette petite campagne… une simple promenade, sans doute…

— Une simple promenade, comme vous dites, mon cher Villette, surtout depuis que nous avons pu débarrasser le pays de cet enragé Hadjar…

— C’est une capture qui vous a fait honneur, mon capitaine.

— Et à vous également, Villette ! »