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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

Mais, en ce qui concernait la pacotille embarquée sur le trois-mâts, peut-être comportait-elle des objets à leur convenance. En effet, on les vit transporter deux ou trois caisses et autant de ballots que Kongre fit porter à bord de la chaloupe.

« Si ces gueux cherchent de l’or, de l’argent, des bijoux de prix ou des piastres, ils n’en trouveront pas, dit John Davis.

— C’est là ce qu’ils préfèrent, bien entendu, répondit Vasquez. Il y en avait dans la caverne, et il faut que les navires qui se sont perdus sur ce littoral aient eu à bord une certaine quantité de matières précieuses. Aussi, la goélette doit-elle maintenant avoir une cargaison de prix, Davis.

— Je comprends, répliqua celui-ci, qu’ils aient hâte de la mettre en sûreté… Mais peut-être n’auront-ils pas cette chance !

— Il faudrait, pour cela, que le mauvais temps se maintînt pendant quinze jours, objecta Vasquez.

— Ou que nous trouvions un moyen… »

John Davis n’acheva pas sa pensée… En somme, comment empêcher la goélette de prendre le large, dès que, cette tempête ayant épuisé sa violence, le temps serait redevenu maniable, la mer serait redevenue calme ?

En ce moment, les pillards, abandonnant cette moitié du navire, se dirigèrent vers l’autre, sur le lieu d’échouage, à la pointe même du cap.

De la place qu’ils occupaient, Vasquez et John Davis pouvaient encore les apercevoir, mais d’un peu plus loin.

La marée baissait, et, bien qu’elle fût refoulée par le vent, la surface des récifs découvrait en grande partie. Il était assez facile d’atteindre la carcasse du trois-mâts.

Kongre et deux ou trois autres s’y introduisirent alors. C’était, à l’arrière du navire, sous la dunette, qu’était la cambuse, ainsi que John Davis le dit à Vasquez.

Très probablement, cette cambuse devait avoir été ravagée