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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

trouver. De provisions, il ne leur en restait plus ni dans la caverne du cap Saint-Barthélemy, ni dans celle de la baie d’Elgor. Le commandant Lafayate, guidé par Vasquez et John Davis, constata le lendemain dès l’aube que cette dernière, tout au moins, ne contenait aucune réserve, ni en biscuit, ni en salaisons, ni en conserves d’aucune sorte. Tout ce qui restait de vivres avait été transporté à bord de la goélette, qui fut reconduite à la crique par les marins de l’aviso. La caverne ne renfermait plus que des épaves sans grande valeur, literie, vêtements, ustensiles qui furent déposés dans le logement du phare. En admettant que Kongre fût revenu dans la nuit à l’ancien entrepôt de son butin, il n’y aurait rien trouvé de ce qui aurait pu servir à la nourriture de sa bande. Il ne devait même pas avoir d’armes de chasse à sa disposition, étant donné la quantité de fusils et de munitions de ce genre que l’on découvrit à bord du Carcante. Il en serait réduit au seul produit de la pêche. Dans de telles conditions, ou ses compagnons et lui se verraient forcés de se rendre, ou ils ne tarderaient pas à mourir de faim.

Cependant les recherches furent aussitôt commencées. Des détachements de matelots, sous les ordres d’un officier ou d’un maître, se dirigèrent, les uns vers l’intérieur de l’île, les autres vers le littoral. Le commandant Lafayate se transporta même au cap Saint-Barthélemy, où on ne reconnut aucune trace de la bande.

Plusieurs jours se passèrent, et pas un des pirates n’avait été signalé, lorsque, dans la matinée du 10 mars, arrivèrent à l’enceinte sept misérables Pécherais, hâves, amaigris, épuisés, que la faim torturait. Recueillis à bord du Santa-Fé, où on les réconforta, ils furent mis dans l’impossibilité de fuir.

Quatre jours plus tard, le second Riegal, qui visitait la côte méridionale dans les environs du cap Webster, y découvrit cinq cadavres, parmi lesquels Vasquez put encore reconnaître deux des Chiliens de la bande. Les débris trouvés sur le sol autour