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LA JANGADA

chaque matin, s’il faut en croire les fables du pays, le souverain se faisait couvrir de poudre d’or, tant ce précieux métal, que l’on ramassait à la pelle, abondait sur ces terrains privilégiés. Mais, vérification faite, il a fallu en rabattre, et toute cette prétendue richesse aurifère se réduit à la présence de nombreuses micacées sans valeur, qui avaient trompé les avides regards des chercheurs d’or.

En somme, Manao n’a rien des splendeurs fabuleuses de cette mythologique capitale de l’El Dorado. Ce n’est qu’une ville de cinq mille habitants environ, parmi lesquels on compte au moins trois mille employés. De là, un certain nombre de bâtiments civils à l’usage de ces fonctionnaires : chambre législative, palais de la présidence, trésorerie générale, hôtel des postes, douane, sans compter un collège qui fut fondé en 1848, et un hôpital qui venait d’être créé en 1851. Qu’on y ajoute un cimetière, occupant le versant oriental de la colline où fut élevée, en 1669, contre les pirates de l’Amazone, une forteresse maintenant détruite, et l’on saura à quoi s’en tenir sur l’importance des établissements civils de la cité.

Quant aux édifices religieux, il serait difficile d’en nommer plus de deux : la petite église de la Conception et la chapelle de Notre-Dame des Remèdes,