Page:Verne - La Maison à vapeur, Hetzel, 1902.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
390
la maison à vapeur.

l’épaule, se tenait de manière à pouvoir tirer obliquement. Mac Neil, près de Nana Sahib, un revolver d’une main, un poignard de l’autre, était prêt à le frapper, si les Indous arrivaient jusqu’à lui. Kâlouth et Parazard, devant le foyer, le chargeaient de combustible. Banks et Storr dirigeaient la marche du Géant d’Acier. La poursuite durait déjà depuis dix minutes. Deux cents pas, au plus, séparaient les Indous, Banks et les siens. Si ceux-là allaient plus vite, l’éléphant artificiel pouvait aller plus longtemps qu’eux. Toute la tactique consistait donc à les empêcher de gagner de l’avant.

En ce moment, une dizaine de coups de feu éclatèrent.

Les balles passèrent en sifflant au-dessus du Géant d’Acier, sauf une, qui le frappa à l’extrémité de sa trompe.

« Ne tirez pas ! Il ne faut tirer qu’à coup sûr ! cria le capitaine Hod. Ménageons nos balles ! Ils sont encore trop loin ! »

Banks, voyant alors devant lui un mille de route qui se développait presque en ligne droite, ouvrit largement le régulateur, et le Géant d’Acier, accroissant sa vitesse, laissa la bande de plusieurs centaines de pas en arrière.

« Hurrah ! hurrah pour notre Géant ! s’écria le capitaine Hod, qui ne pouvait se contenir ! Ah ! les canailles ! Ils ne l’auront pas ! »

Mais, à l’extrémité de cette partie rectiligne de la route, une sorte de défilé montant et sinueux, dernier col du revers méridional des Vindhyas, allait nécessairement retarder la marche de Banks et de ses compagnons. Kâlagani et les autres, le sachant bien, n’abandonnèrent pas leur poursuite.

Le Géant d’Acier eut rapidement atteint cet étranglement du chemin, qui se glissait entre deux hauts talus rocheux.

Il fallut alors ralentir la vitesse et ne plus avancer qu’avec une extrême précaution. Par suite de ce retard, les Indous regagnèrent tout le terrain perdu. S’ils n’avaient plus l’espoir de sauver Nana Sahib, qui était à la merci d’un coup de poignard, du moins ils vengeraient sa mort.

Bientôt, de nouvelles détonations éclatèrent, mais sans atteindre aucun de ceux qu’emportait le Géant d’Acier.

« Cela va devenir sérieux ! dit le capitaine Hod, en épaulant sa carabine. Attention ! »

Goûmi et lui firent feu, simultanément. Deux des Indous les plus rapprochés, frappés en pleine poitrine, tombèrent sur le sol.