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sortes d’écrans de vétiver, disposés devant les fenêtres, et sans cesse arrosés d’eau parfumée, entretenaient une agréable fraîcheur, aussi bien dans le salon que dans les cabines qui servaient de chambres. Au plafond pendait une « punka », qu’une courroie de transmission agitait automatiquement pendant la marche du train, ou que le bras d’un serviteur mettait en mouvement pendant les haltes. Ne fallait-il pas parer par tous les moyens possibles aux excès d’une température qui, durant certains mois de l’année, s’élève à l’ombre au-dessus de quarante-cinq degrés centigrades ?

À l’arrière du salon, une seconde porte, en bois précieux, faisant face à la porte de la vérandah, s’ouvrait sur la salle à manger, éclairée, non seulement par les fenêtres latérales, mais aussi par un plafond en verre dépoli. Autour de la table qui en occupait le milieu, huit convives pouvaient prendre place. Nous n’étions que quatre : c’est assez dire que nous serions à l’aise. Buffets et crédences, chargés de tout ce luxe d’argenterie, de verreries et de porcelaines qu’exige le confort anglais, meublaient cette salle à manger. Il va de soi que tous les objets fragiles, à demi engagés dans des entailles spéciales, ainsi que cela se fait à bord des navires, étaient à l’abri des chocs, même sur les plus mauvaises routes, si notre train était jamais forcé de s’y aventurer.

La porte, à l’arrière de la salle à manger, donnait accès sur un couloir, qui aboutissait à un balcon postérieur, également recouvert d’une seconde vérandah. Le long de ce couloir étaient aménagées quatre chambres, éclairées latéralement, contenant un lit, une toilette, une armoire, un divan, et disposées comme les cabines des plus riches paquebots transatlantiques. La première de ces chambres, à gauche, était occupée par le colonel Munro ; la seconde, à droite, par l’ingénieur Banks. La chambre du capitaine Hod faisait suite, à droite, à celle de l’ingénieur ; la mienne, à gauche, à celle du colonel Munro.

Le second char, long de douze mètres, possédait, comme le premier, un balcon à vérandah, qui s’ouvrait sur une large cuisine, flanquée latéralement de deux offices, et munie de tout son matériel. Cette cuisine communiquait avec un couloir qui s’évasait en quadrilatère dans sa partie centrale, et formait pour le personnel de l’expédition une seconde salle à manger, éclairée par une claire-voie du plafond. Aux quatre angles, étaient disposées quatre cabines, occupées par le sergent Mac Neil, le mécanicien, le chauffeur et l’ordonnance du colonel Munro ; puis, à l’arrière, deux autres cabines, l’une des-