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LE PILOTE DU DANUBE.

point, le lit du fleuve est réduit à une étroite vallée de deux cents mètres environ qui va le conduire jusqu’à Vienne, tantôt s’élargissant au point de permettre la formation de véritables lacs parsemés d’îles et d’îlots, tantôt rapprochant plus encore ses parois entre lesquelles grondent les eaux furieuses.

Ilia Brusch paraissait n’accorder aucun intérêt à cette succession de spectacles changeants et toujours sublimes, et semblait uniquement préoccupé d’activer de toute la vigueur de ses bras l’allure de son embarcation. L’attention qu’il lui fallait apporter à la conduite de la barge eût, d’ailleurs, suffi à excuser son indifférence. Outre les difficultés résultant des bancs de sable, difficultés qui sont monnaie courante de la navigation danubienne, il en avait à vaincre de plus sérieuses. Quelques kilomètres avant Passau, il avait dû affronter les rapides de Wilshofen, puis, cent cinquante kilomètres plus bas, un peu au-dessous de Grein, l’une des villes les plus misérables de la Haute-Autriche, ce furent ceux autrement redoutables du Strudel et du Wirbel.

En cet endroit, la vallée devient un étroit couloir limité par des parois sauvages, entre lesquelles se précipitent les eaux bouillonnantes. Autrefois, de nombreux récifs rendaient ce passage des plus dangereux, et il n’était pas rare que la batellerie y éprouvât de graves dommages. Maintenant, le danger a notablement diminué. On