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LE PILOTE DU DANUBE.

« Vous avez donc des amis un peu partout, monsieur Jaeger ? demanda-t-il un jour.

— En effet, monsieur Brusch, répondit Karl Dragoch. Cela tient à ce que j’ai souvent parcouru ces contrées.

— En touriste, monsieur Jaeger ?

— Non, monsieur Brusch, pas en touriste. Je voyageais à cette époque pour une maison de commerce de Budapest, et, dans ce métier-là, non seulement on voit du pays, mais on se crée de nombreuses relations, vous le savez. »

Tels furent les seuls incidents — si l’on peut appeler cela des incidents — qui marquèrent le voyage du 18 au 24 août. Ce jour-là, après une nuit passée le long de la rive, loin de tout village, en dessous de la petite ville de Tulln, Ilia Brusch se remit en route avant l’aube, ainsi qu’il en avait coutume. Cette journée ne devait pas être pareille aux précédentes. Le soir même, en effet, on serait à Vienne, et, pour la première fois depuis huit jours, Ilia Brusch allait pêcher, afin de ne pas décevoir les admirateurs qu’il ne pouvait manquer d’avoir dans la capitale, où il avait eu soin de faire annoncer son arrivée par les cent voix de la Presse.

D’ailleurs, ne fallait-il pas penser aux intérêts de M. Jaeger, trop négligés pendant cette semaine de navigation acharnée ? Bien qu’il ne se plaignît pas, ainsi qu’il s’y était engagé, celui-ci ne devait pas être