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AU CONCOURS DE SIGMARINGEN.

toutes celles qui se débitent généralement au commencement d’un discours, même quand l’orateur se défend de discourir, furent accueillies par d’unanimes applaudissements, auxquels se joignirent de nombreux très bien ! très bien ! mélangés de hoch !, voire de hoquets. Puis, au Président levant son verre, tous les verres pleins firent raison.

M. Miclesco continua son discours en mettant le pêcheur à la ligne au premier rang de l’humanité. Il fit valoir toutes les qualités, toutes les vertus dont l’a pourvu la généreuse nature. Il dit ce qu’il lui faut de patience, d’ingéniosité, de sang-froid, d’intelligence supérieure, pour réussir dans cet art, car, plutôt qu’un métier, c’est un art, qu’il plaça bien au-dessus des prouesses cynégétiques dont se vantent à tort les chasseurs.

— Pourrait-on comparer, s’écria-t-il, la chasse à la pêche ?

— Non !… non !… fut-il répondu par toute l’assistance.

— Quel mérite y a-t-il à tuer un perdreau ou un lièvre, lorsqu’on le voit à bonne portée, et qu’un chien — est-ce que nous avons des chiens, nous ? — l’a dépisté à votre profit ?… Ce gibier, vous l’apercevez de loin, vous le visez à loisir et vous l’accablez d’innombrables grains de plomb, dont la plupart sont tirés en pure perte !… Le poisson, au contraire, vous ne pouvez le suivre du regard… Il est caché sous les eaux… Ce