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AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

leur part de butin. Du crime qui venait d’être commis, il ne subsistait plus d’autre trace qu’un amoncellement de colis encombrant le pont de la gabarre, à bord de laquelle ne s’étaient embarqués que huit hommes.

En réalité, la fameuse bande du Danube était exclusivement composée de ces huit hommes. Quant aux autres, ils représentaient une faible partie d’un personnel indéterminé de sous-ordres, dont telle ou telle fraction était utilisée, selon la région exploitée. Ceux-ci demeuraient toujours étrangers à l’exécution proprement dite des coups de main, et leur rôle, limité aux fonctions de porteurs, de vedettes ou de gardes du corps, ne commençait qu’au moment où il s’agissait d’évacuer vers le fleuve le butin conquis.

Cette organisation était des plus habiles. Par ce moyen, la bande disposait, sur tout le parcours du Danube, d’innombrables affiliés dont bien peu se rendaient compte du genre d’opérations auxquelles ils apportaient leur concours. Recrutés dans la classe la plus illettrée, de véritables brutes en général, ils croyaient participer à de vulgaires actes de contrebande et ne cherchaient pas à en savoir davantage. Jamais ils n’avaient songé à établir le moindre rapprochement entre celui qui commandait les expéditions auxquelles ils prenaient part et ce fameux Ladko qui, tout en leur cachant son nom, semblait se complaire