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AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

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bord de ce vapeur, les richesses volées, et parfois acquises au prix d’un meurtre, y devenaient brave et loyale cargaison, capable d’être échangée contre de l’or, dans des contrées lointaines, au grand soleil des honnêtes gens.

C’est exceptionnellement que la bande, la nuit précédente, avait fait parler d’elle à si faible distance de son précédent méfait. Elle ne commettait pas, d’ordinaire, une telle faute, qui, répétée, eût pu donner l’éveil aux complices inconscients qu’elle embauchait dans le pays. Mais, cette fois, son capitaine avait eu une raison particulière de ne pas s’éloigner, et si cette raison n’était pas celle que lui avait attribuée Karl Dragoch, en causant à Ulm avec Friedrick Ulhmann, la personnalité du policier n’y était cependant pas étrangère.

Reconnu à Vienne par le chef de bande lui-même, alors accompagné de son second, Titcha, il avait été, depuis cet instant, suivi à la piste, sans le savoir, par une série d’affiliés locaux auxquels on n’avait dit que l’essentiel, et le chaland s’était appliqué à ne précéder la barge que de quelques kilomètres. Cet espionnage, des plus malaisés dans une contrée souvent découverte et où abondaient en ce moment les gens de police, avait été forcément intermittent, et le hasard avait voulu que jamais Karl Dragoch et son hôte ne fussent aperçus en même temps. Rien n’avait donc permis de supposer que la barge eût deux habi-