Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

219
AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

auprès de lui, sa pitance ordinaire qu’il avait été contraint jusqu’ici de chercher à tâtons. La lumière du soleil lui rendait le courage et sa situation lui apparaissait moins désespérée. Derrière cette fenêtre, c’était la liberté. Il s’agissait de la conquérir.

Longtemps il désespéra d’en trouver le moyen, quand enfin, en parcourant pour la millième fois du regard la cabine exiguë qui lui servait de prison, il découvrit, appliquée contre la paroi, une sorte de ferrure plate qui, sortie du plancher et s’élevant verticalement jusqu’au plafond, servait probablement à relier entre eux les madriers du bordé. Cette ferrure formait saillie, et, bien qu’elle ne présentât aucun angle tranchant, il n’était peut-être pas impossible de s’en servir pour user ses liens, sinon pour les couper. Difficile à coup sûr, l’entreprise méritait tout au moins d’être tentée.

Ayant réussi avec beaucoup de peine à ramper jusqu’à ce morceau de fer, Serge Ladko commença aussitôt à limer contre lui la corde qui retenait ses mains. L’immobilité presque totale que ses entraves lui imposaient rendait ce travail extrêmement pénible, et le va-et-vient des bras, ne pouvant être obtenu que par une série de contractions de tout le corps, restait forcément contenu dans d’étroites limites. Outre que la besogne avançait lentement ainsi, elle était en même temps véritablement exténuante, et, toutes les cinq minutes, le pilote était contraint de prendre du repos.