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AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

l’avait commencée, et il en était encore à se demander s’il faisait ou non quelques progrès, quand, à la tombée de la nuit, le soir du 6 septembre, le lien qui encerclait ses poignets se brisa tout à coup.

Le pilote dut refouler le cri de joie qui allait lui échapper. On ouvrait sa porte. Le même homme que chaque jour entrait dans sa cellule et déposait près de lui le repas habituel.

Dès qu’il se retrouva seul, Serge Ladko voulut mouvoir ses membres libérés. Il lui fut d’abord impossible d’y parvenir. Immobilisés pendant toute une longue semaine, ses mains et ses bras étaient comme frappés de paralysie. Peu à peu, cependant, le mouvement leur revint et augmenta graduellement d’amplitude. Après une heure d’efforts, il put exécuter des gestes encore maladroits et délivrer ses jambes à leur tour.

Il était libre. Du moins il avait fait le premier pas vers la liberté. Le second, ce serait de franchir cette fenêtre qu’il était en son pouvoir d’atteindre maintenant, et par laquelle il apercevait l’eau du Danube, sinon la rive invisible dans l’obscurité. Les circonstances étaient favorables. Il faisait dehors un noir d’encre. Bien malin qui le rattraperait par cette nuit sans lune, où l’on ne voyait rien à dix pas. D’ailleurs, on ne reviendrait plus dans sa cellule que le lendemain. Quand on s’apercevrait de son évasion, il serait loin.